Commission nationale Enseignement Supérieur et Recherche du PCF

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In memoriam Roger Fourme, le 2 janvier 2013

Chers amis, chers collègues, chers camarades de Roger,

 

Je veux d’abord remercier la famille de Roger d’avoir donné la parole à ses camarades communistes. Le militantisme était une part importante de la vie de Roger et il était, pour nous, un militant d’importance.

Je ne vais pas retracer son parcours chronologique. Je voudrais plutôt m’attacher à faire ressortir ce qui, de mon point de vue, faisait l’unité de ses engagements scientifiques et politiques.

Roger prenait plaisir à la découverte scientifique, celle qui permet de comprendre le monde physique qui nous entoure. Il savait, par expérience, que pour y parvenir, il faut un effort sur soi pour acquérir et maîtriser les outils intellectuels nécessaires et il faut aussi un effort de la société pour financer les outils technologiques et la formation des femmes et des hommes.

Roger croyait à l’émancipation par les savoirs, il voulait le partage des savoirs, il voulait une société qui place émancipation et partage au centre.

Pour comprendre le monde physique, il faut construire des instruments scientifiques qui le transforment.

Pour la société il avait des ambitions de même ampleur.

Il lui était inimaginable de ne pas s’impliquer personnellement dans la lutte pour construire une société d’hommes libres, égaux et coopératifs, une société où il fera bon vivre pour tous. Ce n’était pas des mots pour lui, mais un creuset où puiser de l’énergie ; et de l’énergie, il en possédait.

Dans la bagarre pour la construction de SOLEIL, quel engagement sur la durée !

Plus d’un se serait découragé, pas lui.

D’autres collègues de cette aventure aborderont son action dans ce domaine. Je voudrais juste souligner combien il avait su convaincre, au sein du PCF, la direction nationale et les élus de l’intérêt scientifique de SOLEIL et de la nécessité de mener une bataille opiniâtre pour sa réalisation.

Je le revois encore expliquer, par exemple,  à ces camarades non spécialistes la différence entre la gamme de longueurs d’onde couverte par le synchrotron de Grenoble qui existait déjà et celle que couvrirait le projet SOLEIL. Et je revois ces mêmes camarades porter ensuite les arguments.

Il avait aussi fallu tenir têt aux visions étriquées d’un Claude Allègre, ministre socialiste de la Recherche, dans un gouvernement majoritairement socialiste où les ministres communistes étaient très minoritaires.

Oui, Roger, c’était la détermination.

Une détermination souvent masquée par la pudeur, la volonté de ne pas se mettre en avant, le souci de la nuance.

Dans les réunions internes au PCF, il était le même. Il n’élevait pas la voix, il retenait sa passion, et son autorité était faite de conviction et de tranquillité. Il voulait qu’on prenne en compte la complexité de chaque situation sans en être pour autant paralysé.

Fidélité politique sont des mots qui viennent facilement aux lèvres quand on évoque Roger. Cependant, ce n’était pas une fidélité d’habitude, mais une fidélité d’exigence à l’égard de son parti et à l’égard de lui-même.

Il demandait à son parti d’être, comme je l’ai déjà dit, attentif aux réalités fines.

Il lui demandait aussi d’être à la fois ouvert et à la fois porteur par lui-même de propositions et de projets forts.

Sa ligne politique pour le PCF était la suivante : « Pour exister, il faut coopérer ; pour coopérer, il faut exister ». Au fond, une orientation qui est celle de toute équipe scientifique qui veut produire, être utile, avancer.

Il était exigeant aussi à l’égard de lui-même.

Il a joué un rôle d’alerte pour prévenir des dangers d’une université Paris-Saclay qui n’aurait plus rien à voir avec une véritable université. Il l’a fait en refusant courageusement les modes faciles et en s’attaquant au fond des problèmes.

Il a rédigé de nombreux textes, en particulier pour les journaux de notre section PCF du Centre universitaire d’Orsay. Il remettait sur le métier aussi longtemps qu’il n’était pas satisfait du résultat. Certains de ses papiers étaient de petits joyaux. Son écriture pouvait être prolixe ou concise. J’ai relu plusieurs de ses textes ces derniers jours. Un exemple de concision : on lui pose la question : « de quoi a besoin la recherche pour se développer ? » Une réponse en quelques mots : « il lui faut de la liberté, de la sérénité, du temps ».

Un sujet sur lequel il revenait souvent, influence indéniable de Josette :  « Camarades, notre parti doit être plus offensif pour promouvoir la paix dans le monde et une culture de paix dans la société ».

Dans une de nos dernières conversations, il me faisait part de sa satisfaction de voir les idées communistes de partage et de lutte retrouver une plus grande place, il me disait son contentement de voir à nouveau de jeunes collègues rejoindre son parti sur le campus et y jouer un rôle important.

Je n’évoquerai pas par manque de temps son apport à la commission nationale de l’enseignement supérieur  et de la recherche du PCF. Il fut de taille.

Chers amis, chers collègues, chers camarades,

Un parti se construit avec la riche diversité de ses membres. Merci, Roger.

Un individu se construit à partir des rencontres qu’il fait. J’ai, dans mon militantisme, rencontré Roger. Je n’aurai plus, à mes côtés, sa grande charpente bienveillante à mon égard qui me donnait conseil quand j’en avais besoin.

On va, bien sûr, continuer. Sans lui, mais aussi un peu grâce à lui.

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In memoriam Roger Fourme, le 2 janvier 2013

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