Commission nationale Enseignement Supérieur et Recherche du PCF

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Sciences en marche: adresse des communistes

« Sciences en marche » : adresse du PCF

 

D'importantes mobilisations de chercheurs et d'universitaires voient le jour ; la dernière en date est celle de  « Sciences en marche » qui va se dérouler du 27 septembre au 19 octobre 2014.

Cette marche a pour but de sensibiliser l'opinion publique à la situation désastreuse de l'emploi et du financement scientifiques en France et d’exiger un plan pluriannuel d'emplois statutaires dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Le PCF s'associe pleinement à l'exigence d'un plan d'urgence pour l'emploi scientifique et les moyens budgétaires de la recherche et de l'enseignement supérieur.

Cette marche est profondément novatrice par son caractère même. Nous saluons   cette initiative qui montre, après le développement de luttes sociales à portée nouvelle comme celle des Fralib notamment, que la communauté scientifique de notre pays n'entend pas souscrire aux choix présidant aux coupes budgétaires drastiques dans les services publics et   les collectivités territoriales, infligées par la poursuite déterminée de la politique actuelle d’austérité.

La recherche scientifique et l'enseignement supérieur sont pour notre pays des   questions vitales : n'économisons pas sur leurs moyens et leurs missions !

Au-delà du soutien que les communistes apporteront à cette initiative, tant par leur participation que par l'écho qui lui sera donné sous toutes ses formes y compris parlementaires, le PCF croit devoir développer ici quelques-unes de ses analyses et propositions pour renforcer le mouvement en cours.

 

Un constat sans appel

La politique suivie depuis l'élection présidentielle non seulement se situe, pour l'essentiel,  dans la continuité de la politique de Sarkozy, mais l’aggrave. Ceci c'est particulièrement vrai de la recherche et de l'enseignement supérieur (ESR), avec la loi Fioraso. Ces choix n'ont abouti à aucun résultat sur le plan du chômage qui atteint maintenant des niveaux record. Non seulement on ne perçoit aucun ralentissement mais tout laisse à penser que les choses vont encore s’aggraver. La précarité de masse n'a trouvé aucun embryon de réponse et cette situation crée dans l’ESR un découragement profond, une fuite des talents. Une grave crise de l'emploi scientifique est en gestation.

François Hollande s'était engagé à "renégocier" le pacte de stabilité européen en lui adjoignant un "volet croissance" ; on voit ce qu'il en est aujourd'hui : de croissance il n'y a pas  mais le reste du pacte d'austérité et de réduction drastique des dépenses publiques s'applique intégralement. Or, dans le même temps, les profits des entreprises du CAC 40 explosent. Les inégalités sociales n'ont jamais atteint de tels niveaux depuis la Libération.  À emboîter le pas de la politique de la droite, les gouvernements de Jean-Marc Ayrault puis de Manuel Valls ne pouvaient s'attendre à d'autres résultats et ils les ont encouragés.    

Une telle politique à l’opposé des attentes des français ne peut que s'accompagner d'autoritarisme, comme on le voit avec la forme particulière du "dialogue social » pratiqué avec constance par Manuel Valls, ou avec la réforme des collectivités territoriales rejetée par le PS lorsqu'il était dans l'opposition et qui est aujourd'hui mise en œuvre sans broncher et sans considérer qu'il s'agit d'une réforme institutionnelle trop lourde de conséquences pour la laisser au seul gouvernement, les éventuels amendements parlementaires étant strictement contrôlés. Le mot "démocratie" a disparu des discours officiels. Tout est "compétitivité», tout est "économies" sur l'investissement public.

 Non seulement cette réforme des collectivités territoriales n'entraînera pas d’économies, non seulement elle massacre les institutions de proximité mais elle entraînera des inégalités dramatiques entre régions dès lors que la doctrine officielle - qui suit exactement les orientations de la Réforme Balladur - consiste justement à transférer sur les nouvelles collectivités territoriales des charges nouvelles sans compensation budgétaire. 

Au niveau de l’ESR, cette réforme a pour corollaire la constitution d'ensembles universitaires géants, obtenus par fusion ou/et regroupements décrétés dans le but proclamé de favoriser la "compétitivité" au plan mondial. Ingérables hors des canons du management entrepreneurial européen, profondément antidémocratiques dans leur conception et conduisant à vider des territoires entiers d'établissements universitaires de proximité, cette conception conduit et conduira à la recherche frénétique de financements hors budget, à une vitrine technocratique dans les macro-régions, abandonnant une mission fondamentale inscrite dans la loi depuis 1968, à savoir la démocratisation des études supérieures.

Parallèlement aux gigantesques cadeaux fiscaux offerts au MEDEF, on voit le tissu industriel français sombrer ou être vendu à la découpe comme à Alstom. Mais quelle recherche, y compris fondamentale, peut se développer au milieu d’un désert industriel ou enfermée dans la sous-traitance par des multinationales pour lesquelles seul compte le retour sur investissement ? Le rétrécissement majeur de la voilure et la concentration de l'investissement sur le tourisme, le luxe et de rares autres secteurs tels que l'aéronautique donne un singulier éclairage à l'absence de perspectives offertes aux jeunes scientifiques.

Constamment niée, la crise du capitalisme, la crise de système redoublée de la crise écologique et civilisationnelle est bien le cœur de la question.

Même la politique extérieure française a baissé pavillon: jamais depuis la fin de la période coloniale, la France n'a eu une politique aussi farouchement atlantiste et belliciste ! Ce faisant elle renonce à défendre des valeurs qui faisaient sa marque et sa réputation dans de nombreux pays cherchant une voie nouvelle et à se libérer de l'emprise nord-américaine ; au Proche -Orient cette attitude relève du scandale absolu.

De quelle coopération scientifique et technologique, notamment en direction des pays émergents et en développement, peut-il alors s'agir ?

 

Du gouvernement, du PS et de la gauche

La politique gouvernementale provoque à juste titre une véritable exaspération de la part de celles et de ceux qui ont voté pour François Hollande pas seulement pour chasser Sarkozy et sa clique mais aussi pour promouvoir de véritables changements de gauche. Or, en dehors de réformes sociétales, certes non négligeables, telles que la loi sur "le mariage pour tous" ou éventuellement d'aspects touchant à la réforme judiciaire, rien de ce que fait le gouvernement ne s'apparente de près ou de loin à une politique de gauche. Lancer au Bourget que "Mon adversaire c'est la finance " ne disait rien quant à la volonté de l'affronter mais quand deux ans plus tard, dans un séminaire select, on voit le ministre du budget s'écrier "La finance est notre amie, la bonne finance», il y de quoi s'indigner à gauche ! De pacte de Compétitivité en pacte de Responsabilité, tout se fait suivant les desiderata du MEDEF qui en redemande. Les salariés ne peuvent s'y retrouver. Le mot "gauche" a d'ailleurs disparu du vocabulaire gouvernemental au profit d'un appel renouvelé aux valeurs de la République, comme si celles-ci étaient consensuelles. Manuel Valls déclare devant les déroutes électorales que "La gauche peut mourir" mais il en est le premier responsable avec François Hollande en tournant le dos chaque jour davantage à ce que cela signifie dans notre pays, à savoir un parti pris en faveur du monde du travail et non en faveur du capital… Mais ceci ne serait encore rien si cette politique ne conduisait pas à de nouveaux désastres.   

Nous le disons avec gravité, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du Parti Socialiste, se rassure à bon compte, poursuit une réflexion engagée depuis François Mitterrand sur l'"utilité " du Front National, cherche maintenant ouvertement une alliance "au centre" et spécule sur l'état de la droite. Plongée dans des affaires tortueuses, illustrant à quel degré la France a pu être gouvernée par un parti aux méthodes répréhensibles, la droite est cependant prête. Elle a un programme et elle l'appliquera dans son intégralité si elle en a l’occasion. Elle sera en ordre de marche au moment des échéances et s'appuiera sur les renoncements et les reniements d'un gouvernement socialiste ayant perdu le sens des intérêts populaires.

Les propos méprisants du premier responsable du Parti Socialiste sur la nécessité de   s'occuper du « fonds de commerce" en parlant du parti qu'il dirige n'arrangent rien. Parlons clair : le PCF n'a jamais considéré qu'il était à lui seul toute la gauche, mais la prétention hégémonique du Parti Socialiste d’être le seul artisan de toute politique comportant des mesures de gauche est une impasse. Pourtant, les élections municipales à Paris devraient l'en convaincre : cette conception n'est plus de saison. Elle ne l'est pour aucune des formations à gauche de l'échiquier politique.

Cette situation préoccupe à bon droit toute la gauche, bien au-delà du Front de Gauche. Pour autant, le PCF ne s'immisce pas dans les débats qui se sont faits jour au sein du Parti Socialiste, il ne spécule pas sur son éclatement et ne demande ni n’attend des militantes et militants socialistes qu’elles et ils abdiquent leurs convictions. 

Le temps presse néanmoins. Attendre de futures échéances électorales pour débattre des réformes que devrait mettre en chantier dès maintenant la gauche en France est irresponsable. Même si de premières rencontres ont eu lieu au niveau national, et même si des convergences s'esquissent au niveau parlementaire, c'est utile, c’est indispensable, mais ça ne fait pas le compte.

Laisser les choses dériver jusqu'au second tour de l'élection présidentielle est très dangereux. D’une part cela ne contribue en rien à la mobilisation qui sera nécessaire pour empêcher le retour de la droite, d'autre part, on l'a vu, cela laisse grande ouverte la porte à de graves désillusions.

Tout particulièrement sur le chantier de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, il est plus que temps de débattre, confronter et s'accorder sur des mesures phares d'une politique de gauche.

 

Le PCF est disponible et ne vient pas les mains vides [1] (nous ne déclinons ici que quelques aspects de nos propositions).

 

D'abord, avant la présidentielle de 2012, nous avions insisté sur la nécessité d'un plan d'urgence, c'est à dire des mesures de réparation des dégâts commis par la LRU, au niveau des moyens budgétaires comme des aspects relevant de la politique de l'emploi ; un tel plan d'urgence est à nos yeux plus nécessaire que jamais avec la loi Fioraso qui ajoute des étages à la LRU et qui, au travers

de la misère de dizaines d'établissements, les conduit à chercher des financements palliatifs autres que le financement budgétaire, les inscrivant dans une spirale sans fin d'abandon de la logique de Service Public.

Nous considérons qu'un tel plan d'urgence doit être élaboré conjointement par le CNESER et le CoNRS. C'est dans ce cadre que l'évaluation des besoins en termes d'emplois peut le mieux se faire, sans attendre. Ce plan devrait en outre commencer de façon effective à réduire la précarité de l'emploi scientifique par intégration sur des postes statutaires.

 

D'autre part, beaucoup parlent à gauche de réformes fiscales. La première de toutes relativement à l'ESR consiste à mettre fin au Crédit d'Impôt-Recherche. Cette disposition fiscale coûteuse n'est pas seulement inefficace, comme le prouvent de nombreuses années d’expérience, mais parfaitement inopérante si l'on cherche à pousser les entreprises à faire de la recherche. C'est l'exemple parfait dans notre champ d'un gaspillage éhonté de l'argent public. La moitié, 3 Milliards d'Euros, devraient dès cette année revenir au budget de la recherche : les laboratoires publics sauraient faire un emploi bien meilleur de cet effort budgétaire !

Cela ne dispense en rien d'une réforme fiscale beaucoup plus large dont les contours dépassent le cadre de cette adresse.

 

Enfin, en choisissant ici de ne pas développer d’autres aspects aussi importants que le rôle et le périmètre des instances délibératives de la communauté scientifique, nous devons revenir sur le lien entre Recherche et Industrie. Ce lien est capital et devrait figurer en bonne place dans tout programme de gouvernement visant à faire une politique de gauche.

Les deux années du quinquennat l'ont montré: l'idée positive du "redressement productif" n'a été qu'un affichage sans contenu.

Il est vain d'attendre de cadeaux fiscaux renouvelés la complaisance du MEDEF. Et il est indispensable que les pouvoirs publics reprennent la main sur la question industrielle. Le PCF n'est pas favorable à l'économie administrée mais l'expérience aurait dû permettre de voir que des nationalisations peuvent s'avérer indispensables au nouveau départ de l'activité du pays. Mais nous savons tirer les leçons de l'expérience : il ne s'agit pas de changer de nom sans que par ailleurs rien ne bouge. C'est pourquoi nous nous prononçons pour des pôles industriels publics dont la gestion, les orientations stratégiques soient déterminées avec de nouveaux pouvoirs d'intervention des salarié(e)s de ces secteurs : là intervient directement le potentiel de recherche public. Les pôles publics à définir (la chimie et l’électronique, les matériaux, le médicament … sont autant d'exemples) doivent comporter des représentants qualifiés des équipes de recherche au niveau des instances de gestion de ces pôles. Celles -ci doivent comporter des docteurs et des doctorants.

Le PCF est favorable sans réserve aux coopérations multiples à développer entre laboratoires publics et potentiels industriels de recherche. Encore faut-il que ces derniers existent et ne soient pas liquidés ou délocalisés ; encore faut-il que ces coopérations ne prennent pas la forme que nous connaissons et qu'aggrave la Loi Fioraso de la sujétion et de l'asservissement à la recherche du profit.

La recherche publique a vitalement besoin d'indépendance intellectuelle ; c'est en lui donnant les moyens de son épanouissement que les coopérations envisagées pourront être développées dans l'intérêt mutuel.

 

 

Telles sont quelques-unes des idées que nous vous soumettons ; mais comme nous l'avons dit, le PCF n'a pas la prétention d'avoir seul la solution aux immenses questions qui se posent et auxquelles devra répondre une politique de gauche. Nous créerons dans le proche avenir les espaces de débat qui nous semblent indispensables pour construire dans notre champ les propositions politiques sans lesquelles la gauche à nouveau s'abîmerait.

Nous vous invitons dès la Fête de l'Humanité à venir en parler.



[1] Voir : http://esr.pcf.fr/sites/default/files/xyz_mai_2012.pdf« Sciences en marche » : adresse du PCF

 

 

 

 


 

 

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Sciences en marche: adresse des communistes

le 02 septembre 2014

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